top of page

Pour les Mamans et leurs bébés, à qui la vie n'a pas laissé le choix.

Dernière mise à jour : 8 mars 2022


Introduction

Je vous confie cet article qui me tient énormément à cœur. Cinq Mamans ont été d’accord de se replonger dans leurs souvenirs douloureux, afin de briser le silence qui entoure toujours ce sujet tabou. Elles l’ont fait pour elles, pour leurs bébés et pour toutes les Mamans qui ont dû passer par la même épreuve douloureuse.

Malgré la grande tristesse qui accompagne chaque témoignage, il s’agît avant tout d’une histoire d’amour entre une Maman et son bébé. Un amour qui est bien réel déjà avant la naissance. Et c’est exactement là où se trouve la réponse à la question « à partir de quel moment commence réellement notre existence ? » Pour moi, dès que nous sommes aimés, nous commençons à exister. Donnons alors une place aux bébés qui n’ont pu vivre que dans le ventre de leur maman…

Je vous souhaite bonne lecture.

Au moment de l’appel à témoins, j'étais parfaitement consciente de la délicatesse du sujet. En revanche, je ne m’attendais pas à être secouée à ce point. Des histoires qui m’ont littéralement ébranlée au plus profond de mon être. Des témoignages remplis de douleur – évidemment – mais également empreints de tendresse, de douceur, et écrits avec tellement d’amour que chaque mot mériterait une place dans ce post. Pour cette raison et avec l’accord des Mamans, vous trouverez leurs témoignages intégralement à la fin de cet article. Comme une sorte d’hommage aux bébés qui se sont envolés trop tôt, à leurs mamans qui les ont portés et à leurs papas bien sûrs aussi.

Certains vécus sont d’une telle violence, que j'ai mis plusieurs jours à me remettre de leur lecture. Je me disais encore et encore : « Ça ne devrait pas exister. Personne ne devrait vivre une telle chose. » Mais malheureusement ça arrive bien plus qu’on ne croit. Une grossesse sur cinq s’interrompt et n’aboutit pas à la naissance d’un bébé en vie. On parle de fausse couche précoce lorsqu'elle a lieu avant la 12e semaine d'aménorrhée. Au-delà de ce délai, on parle d'une fausse couche spontanée tardive. À la différence des fausses couches qui interviennent en tout début de grossesse, il arrive que le fœtus meure bien plus tard dans la grossesse, c'est la mort in utero. Cette mort peut avoir lieu jusqu'au neuvième mois de grossesse, c'est-à-dire jusqu'à terme.

C’est ce qui est arrivé à Elodie qui a perdu son bébé dans la 41ème semaine de grossesse. Pendant qu’elle attendait sereinement de donner naissance à son premier enfant, sans aucun signe d’inquiétude, le silence s’est installé dans son ventre. Elle a dû accoucher de son fils sans vie. « Mais comment as-tu fait pour survivre à ça ? Lui ai-je demandé naïvement. « Jamais on n'imagine ça.... donner naissance à son enfant mort… mais quand l'inimaginable nous arrive, on se rend bien vite compte qu'on n'a pas d'autre choix que de l'affronter. Voilà comment on peut mettre au monde son enfant mort. Voilà comment on peut rentrer chez soi les bras vides, voilà comment on peut surmonter ça, voilà comment on peut continuer notre vie malgré cela : on n'a pas le choix. »

Bénédicte* non plus n’a pas eu le choix. Après un long parcours de PMA, elle est tombée enceinte de deux miracles. Alors que ses deux fils allaient parfaitement bien, son corps n'a pas pu les héberger plus longtemps. Elle a dû les laisser partir à 5 mois de grossesse. Ils n’ont vécu que quelques minutes. Elle me raconte les premières heures à la maternité : « On me dit qu’un de mes fils naitra. Qu’il le faut… on me dit qu’il est trop fragile. On me dit qu’il n’aura jamais de bicyclette. On me dit que mon deuxième fils a peut-être une chance, si l’infection ralentit. Et puis non… non, il ne fera jamais de toboggan non plus. Alors je suis morte un peu, mais je continue à aller bien, pour eux, pour ne pas les affoler… le lendemain matin, je perds les eaux.»

Face à l’horreur et sous le choc, les deux femmes me confient que sur le moment, elles ne voulaient qu’une chose : mourir sur le champ. La pensée de devoir vivre sans leurs bébés était trop insupportable. Alors leurs maris et leurs familles faisant tout leur possible pour les porter dans cette épreuve insoutenable. Elodie me raconte : « pour mon mari cela a été très dur aussi, évidemment. On n'a pas du tout vécu cela de la même manière, on avait la même souffrance mais pas la même façon d'y faire face, ce qui a pu créer quelques incompréhensions, mais on s'en est sorti. Il m’a soutenu, plus que ce que j’aurais pu imaginer. Je crois qu’il a beaucoup pris sur lui pour pouvoir me porter à bout de bras dans les moments les plus durs, quitte à mettre parfois son chagrin de côté. » Elle me dit également que leur famille les a soutenus admirablement. Qu’ils étaient proches avant, mais qu’ils le sont encore plus aujourd’hui.

Bénédicte n’a que des mots d’amour pour ses proches : « C’est incroyable, tragique mais merveilleux. Que d’un évènement aussi triste, douloureux et difficile puisse rayonner autant d’amour ! Nous avons été tellement touchés de toutes ces émotions, cet amour inconditionnel, pour nous bien sûr mais également pour nos enfants. De l’amour. Juste de l’amour. »

Quant à son mari elle dit qu’il a été merveilleux et un papa formidable pour ses fils. Qu’il a été au-dessus de toutes ses espérances. « Il m’a portée, m’a rassurée. Il a été ému, il s’est laissé être triste, a assumé ses larmes, son chagrin mais aussi le mien. Il m’a entouré de tendresse et d’amour. Je sais que mes enfants sont partis avec la certitude d’avoir un papa aimant et fier. Et moi, avec l’assurance que l’homme de ma vie était bel et bien l’homme de toute une vie. »

Même si les hommes n’ont pas porté les bébés, pour eux la situation est très difficile aussi. Ils se trouvent à côté de leur partenaire anéantie par cette douleur immense, incapable de faire quoi que ce soit. Eux, qui sont là pour rassurer leur moitié et pour trouver solutions à ses problèmes, se sentent complètement démunis et impuissants. Alors parfois, surtout quand la grossesse n’a pas été très longue, ils sont un peu trop pressés de revoir leur compagne sourire et reprendre goût à la vie. Ce que m’explique Valérie qui a perdu son bébé dans la 7ème semaine et qui a dû subir la prise de médicaments plus deux curetages pour enlever les dernières cellules de la grossesse non évolutive. « Mon compagnon ne savait pas trop comment m'aider, et au lieu de me laisser tranquille, il voulait que je me remette de cet évènement en 2 jours. J'ai eu des reproches que je pleurais sans arrêt. Je me sentais totalement seule et incomprise. Je vivais mal la dépression hormonale, je pleurais tous les jours sans même savoir pourquoi. Par la suite, j'ai compris que s'il me boostait c'était sa façon à lui de m'aider, même si des moments je trouvais qu'il faisait un peu comme si rien ne s'était passé. Mais en fait, leur distance n’est qu’une carapace. Nous on a l'impression qu'ils s'en fichent alors que c'est totalement faux. »

Après une fausse couche, la famille et l’entourage proche ont parfois tendance à passer trop vite à « autre chose ». Même si la Maman n'a porté le bébé que quelques semaines, ils oublient qu’elle doit vivre les phases du deuil, les unes après les autres. Qu’il faut laisser du temps à sa douleur et de la place à l'échange. Toutes les femmes qui ont témoigné sont unanimes : Il faut en parler, donner une place au bébé, faire le deuil.

Laurence* qui a perdu un de ses fils jumeaux à 10 semaines de grossesse, le confirme : « ne pas rester seuls avec ça, en parler et surtout, ne jamais hésiter à faire le deuil qui vous convient, avec un petit rituel par exemple. L'important c'est de faire exister l'enfant. »

D'ailleurs, elle ajoute qu'il faudrait commencer par annoncer sa grossesse avant les trois mois révolus. De cette manière, si le pire arrive, on peut au moins compter sur le soutien des proches. Elle dit très justement : « Il y a un drôle de tabou sur le début de grossesse quand même. On vit dans une ère ou on partage ses essais bébés sur les forums et sur Facebook, mais une fois le test + : silence radio. Jusqu'aux trois mois il faut le cacher, mentir pour ne pas boire en soirée, bref... parlez-en. Les fausses couches font partie de la vie. »



Mais parfois la vie choisit très mal son timing… dans sa 13e semaine de grossesse, Adva a appris que son bébé était atteint de graves malformations. Elle a été obligée de procéder à une interruption médicale de grossesse (IMG) et le jour de l'intervention, sa belle-sœur donnait naissance à des jumeaux. Comment pouvait-elle vivre le deuil de son bébé alors que la vie primait ? Est-ce que la perte d’un « mini-être » n’était pas moins importante que la naissance de jolis bébés ? Elle me confie avoir énormément souffert de ces circonstances : « les personnes autour de moi ont cru bon de minimiser l’existence de ce petit être dans le but, peut-être, de minimiser ma douleur. 12sa, ça ne se voit pas encore, ni se ne sent, alors autant ne plus y penser. En fait, la question est de savoir à partir de quel moment un petit être « compte », doit-on fixer une étape minimale ou nombre de semaines ? La réponse n’est pas facile. De mon côté, ces semaines de grossesse m’ont paru très longues accompagnées de ma petite « graine » qui grandissait. Les nausées et la fatigue étaient bien là et me rappelaient son existence. Et tout d’un coup, plus rien, le vide. » Adva conseille : « ne pas minimiser la perte d’un être, aussi petit qu’il soit. Pour une femme, il a de l’importance. Le deuil doit être fait comme il se doit, même si le fœtus n’avait que quelques semaines. »

Peut-être avez-vous dû vivre une fausse couche spontanée, une interruption médicale de grossesse ou avez-vous été contrainte d'accoucher d’un enfant sans vie ou sans aucune chance de survie… vous vous demandez comment continuer avec cet énorme vide ? Comment accepter ce qui vous paraît inacceptable ? Comment retrouver une vie « normale » ? Il n’y a pas de recette à part le temps… Donnez-vous le temps de vivre le deuil de la perte de votre enfant réel et imaginé avec tous les désirs, les peurs et les projections qui l’accompagnaient. Cherchez de l'aide pour ne pas être seules avec votre douleur. Vous ne retrouverez peut-être plus la vie « d’avant », mais une vie « d’après » qui vaudra la peine d’être vécue.

Pour certains parents, le deuil peut se faire plus facilement si leur enfant a été reconnu au sein de la société. Le conseil fédéral s’est rendu compte de cette importance et aimerait améliorer le traitement à l’état civil des enfants nés sans vie. Ils étudient la possibilité de pouvoir faire enregistrer des embryons ou fœtus nés sans vie de moins de 500 grammes ou d’un âge gestationnel de moins de 22 semaines révolues. Actuellement ceci est uniquement possible si l’enfant pèse au moins 500 grammes ou que la gestation a duré au moins 22 semaines révolues. Voici le rapport du 3 mars 2017.

Il existe également des possibilités d’enterrer son bébé. Certains hôpitaux ou cliniques possèdent un jardin des souvenirs et parfois, dans les cimetières, il existe des emplacements spéciaux pour les petits anges. Ou on le fait comme Elodie et son mari, qui ont dispersé les cendres de leur fils dans la nature : « pour que tu sois dans le vent, dans la pluie, dans la neige, dans le soleil, dans les fleurs et les oiseaux, pour que tu puisses aller partout, sur les étoiles et les nuages, pour que tu puisses nous accompagner partout. Tu es partout désormais mon amour, mon fils, tu es partout, mais surtout, tu es dans nos cœurs pour toujours. »

J’aimerais clore mon article sur ces magnifiques paroles en remerciant toutes les Mamans qui m’ont témoigné leur confiance en partageant leur vécu. Vous m’avez infiniment émue et vos mots resteront gravés dans mon cœur à tout jamais. Je vous dis sincèrement MERCI.


Prenez soin de vous.




Accompagnement du désir d’enfant

& guidance de vie au féminin. www.jacquelinecomte.ch

*le prénom a été changé

PS. : Voici les témoignages dans leur intégralité :

Elodie* // Bénédicte* // Valérie // Laurence* // Adva

#faussescouches #grossesse #Mamange #mortné #img #interruptionmédicaledegrossesse #deuil #embryon

Posts récents

Voir tout
bottom of page