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Merci à la femme que je suis, Sam et Soan à la main et Zoé, Jenny, Coline et Romane dans le coeur.

Aujourd’hui, lorsque je regarde mes enfants dormir ou que je pense à mon désir d’enfant, j’ai les larmes qui me montent et j’éprouve lors de ces occasions un profond sentiment de gratitude. Ces larmes ce ne sont plus des larmes de désespoir comme dans mon passé. J’éprouve aujourd’hui de la tendresse et beaucoup de compassion pour cette femme que j’ai été et qui a « subi » pendant 15 ans son désir d’enfant. Je n’étais pas la seule d’ailleurs… Mon amour, mon pilier, l’homme que j’ai épousé était également en souffrance et malgré toutes les difficultés et le chemin sinueux que nous avons parcouru, cette traversée du désert nous a indéniablement rapprochés. Ces 15 ans sont divisés en 2 étapes. Ce fut tout un chemin pour devenir la maman de mon premier garçon.



Avant sa conception, plusieurs bébés, dont 4 petites filles, sont venus s’inviter pour quitter mon ventre quelques mois plus tard. Zoé, Jenny, Coline et Romane ont fait de moi une maman, ou devrais-je dire une maman sans enfants. Après la première perte, j’apprends que je suis porteuse d’une anomalie génétique qui va rendre une conception compliquée. Un nuage noir trône au-dessus de ma tête et chaque essai de devenir enceinte me renvoie que je joue à la roulette russe. Une fois le test de grossesse confirmé, je n’ai pas le droit de me réjouir. Je subis. Mon ventre s’arrondit, mes symptômes s’intensifient, mais je dois attendre les tests prénataux à 3, 4, 6 mois de grossesse pour pouvoir progressivement me réjouir. Le téléphone rouge sonne, les résultats sont mauvais (et ceci à 4 reprises) et je dois accoucher de mes bébés morts-nés, car ces dernières ne sont pas viables. 


Donner la mort à 4 reprises reste une épreuve indescriptible à raconter. Comment survivre ? Avec le recul, je ne sais toujours pas comment j’ai survécu. En plus des accouchements traumatiques et du deuil, se rajoute le malaise de notre entourage, les symptômes de grossesse qui persistent parce que le corps ne comprend pas, les pleurs du nouveau-né de vos voisins que vous ne pouvez ignorer, et tant d’épisodes que je ne pourrai oublier. Accoucher de mes petits bébés sans avoir de pleurs de vie au bout a marqué mon cœur pour toujours. À chaque accouchement, je suis brisée et je ne suis plus la même. Malgré un suivi thérapeutique, je me sens mourir un peu plus à chaque perte, en plus des fausses couches qui sont venues se rajouter à la longue liste de mes deuils. Dans ces moments-là, je suis une mère sans enfants et sans reconnaissance sociale. 


Pour pouvoir continuer… On me propose de persister les grossesses à l’aveugle, car comme le dit mon gynécologue je suis « hyperfertile » et mon utérus est d’excellente qualité… Ou tenter un DPI (dépistage pré-implantatoire) à l’étranger (à l’époque où nous l’avons réalisé, il était interdit en Suisse). Mon corps est détruit, mon moral également, mais je décide d’entamer le traitement de la dernière chance. Je me rends à Barcelone (ville de mon cœur) et accepte sans grande attente d’entamer ce dernier traitement. Avant l’implantation de mes embryons, je me rappelle le médecin qui, avec son masque vert, me souris avec les yeux. En me montrant la photo des embryons, il me montre du doigt celui qui est mon fils aujourd’hui. Celui-là il est bon me répète-t-il. À l'écoute de ces mots, je ne réponds rien, je me sens si fragile, si vulnérable que je n’ose espérer.


Après l’implantation, j’ai peur de descendre de la table. Je prends soin de mon corps, comme si un trésor fragile y était déjà installé. En rentrant en Suisse, un petit clandestin était bel et bien confiné dans un coin de mon ventre. 9 mois d’angoisses de le perdre. Je lui parle et lui explique constamment que ce n’est pas de sa faute… La culpabilité me ronge. Un accouchement programmé, mais au bout de cet enfer, un bébé tellement serein. MERCI à la vie. Sans le vouloir, car ce n’est pas son rôle, Sam m’a permis de me réconcilier avec elle. Et ce petit Sam quel cadeau ! Sam grandit, notre désir d’enfant ne s’arrête pas…


Après d’autres fausses couches, nous décidons d’écouter notre désir. Et si mon corps a ses limites, notre amour pour un enfant n'en a pas. Nous écoutons notre cœur et entamons nos démarches d’adoption. Aimer un enfant qui n’a pas de liens biologiques avec nous n’a jamais été une question pour nous. Oui ce n’est pas un plan B et nous avons dit au revoir à notre rêve d’enfant biologique, pour laisser de la place à une merveilleuse aventure. 


Pour cette 2ème étape, nous avons attendu 6 ans. D’abord un échec pour l’Afrique qui a été vécu pour moi comme une fausse-couche également. Malheureusement, la corruption existe dans ce milieu-là avec son lot de gens malhonnêtes et nous en avons fait les frais. Nous continuons à nous projeter. Notre désir est là. Nous sommes fatigués, mais tout mon cœur le crie ce désir d’enfant. 


Enquêtes sociales, ateliers, entretiens, nous devons prouver et justifier de notre équilibre physique et psychique. Puis, six ans d’attente. Six ans pendant lesquels nous pensons à cet enfant. À chaque fête, nous avons cette nostalgie de vouloir lui en faire profiter. Notre première pensée se porte vers lui lors de notre réveil et lorsque nous nous endormons, nous pensons à lui également. Les années défilent, les mois et les heures, nous attendons. 


Et un jour, le téléphone rouge sonne à nouveau et j’apprends à me réconcilier avec cet objet. Un petit garçon nous attend en Thaïlande. Comment décrire ce sentiment et ces 8 longs mois d’attente administrative avant d’aller le chercher. Mon corps, comme pour toutes mes précédentes grossesses se met en route. Je vomis et j’éprouve tous les effets indésirables d’une grossesse. La magie de l’instinct maternel s’installe de nouveau en moi. Comment décrire un tel amour pour un enfant qui ne nous connaît pas encore. Quelle magie ! 


Après 11 heures de vol, nous vivons une rencontre incroyable avec notre petit Soan accompagné de son grand frère. Et cette vie que j’ai tant détestée, au cours de laquelle je me suis sentie trahie tellement de fois, qu’à chaque rechute, je n’y croyais plus… Cette vie, je lui suis si reconnaissante et à ce moment-là, je la trouve si belle. Alors non, cet amour d’enfant n’est pas né dans mon ventre, mais il est né dans ma tête et dans mon cœur depuis de nombreuses années déjà. Cette rencontre, je l’ai vécue aussi forte que mon accouchement. 


À travers ces mots, ces pertes, ces années, je suis infiniment reconnaissante envers la vie de m’avoir permis d’évoluer et de réaliser la chance que j’ai d’être aujourd’hui la maman de Sam et de Soan. Je suis infiniment reconnaissante de goûter aux plaisirs de cette vie à 4. Aujourd’hui, j’ai à cœur d’accompagner ces femmes, hommes ou couples qui vivent des histoires similaires, car j’ai retrouvé la foi dans la vie. Cette dernière m’a offert un cadeau, malgré mes épreuves. Celui de partager, d’écouter et de faire quelque chose de tout cela…


MERCI à mes petites filles, qui malgré leur absence m’ont permis de grandir et d’ouvrir d’autres portes… MERCI à mon homme, qui avec tout son amour a toujours été présent et à mes côtés,… MERCI à la médecine de m’avoir aidé à concevoir Sam… MERCI à Suwana (maman biologique) de m’avoir permis d’être la maman de Soan… MERCI à Jacqueline de m’avoir permis de me former comme coach en désir d’enfant… En résumé MERCI à la vie !!!

Marie

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