Qui cherche... trouve. Chapitre 3 : l’immunologie de la reproduction, une solution rendue invisible.
Je suis consciente de la longueur de cet article mais je pouvais difficilement le faire plus court, le thème étant trop vaste…
Introduction.
J’ai aujourd’hui deux enfants et ce, grâce à des examens immunologiques. En effet, après 4 ans de désir d’enfant non abouti et avec pour seul diagnostic une infertilité inexpliquée, je suis allée faire des analyses sanguines chez une immunologue allemande, spécialisée dans le domaine de la reproduction. Après diagnostic, elle m’a proposé un traitement spécifique qui m’a permis de devenir maman.

Mais avant cela, ce fût un long processus de recherche d’informations et d’hésitation. A peu près au milieu de mon chemin d’attente de bébé, n'ayant trouvé aucune réponse à mon infertilité et mes nombreux « départs précoces », je me suis mise à lire un blogue allemand nommé Urbia. J’y ai trouvé d’innombrables témoignages de filles ayant elle aussi reçu un diagnostic d’infertilité inexpliquée, et qui évoquaient des tests à effectuer dans le domaine de l’immunologie de la reproduction. Il semblait que ces tests étaient réalisés fréquemment en Allemagne. Cette lecture a tout de suite fait écho en moi. Je sentais que j’avais un problème dans ce domaine et une voix intérieure me disait d'aller faire ces tests.
Mais par peur de me tromper, il m’a encore fallu deux ans avant de l’écouter. Pendant ce temps, j’ai essayé de trouver réconfort auprès de mes médecins, en espérant qu’un d'eux m'encouragerait à aller effectuer ces analyses. En vain. J’ai alors compris que c’était à moi seule de prendre cette décision. J’ai donc dû convaincre mon mari d'aller faire des tests dont il n’avait jamais entendus parler (sauf par moi) et de dépenser beaucoup d’argent sans avoir la moindre garantie de résultat. Ça a été une des plus grande leçon de ma vie, car malgré les avis défavorables de mon entourage, j'ai dû m'écouter et faire confiance à mon intuition. Qu’elle m'ait ensuite donné raison fût une énorme victoire sur ma longue hésitation, et j’ai alors compris que je pouvais vraiment me faire confiance.
Depuis j’ai continué à me renseigner et à lire sur le domaine de l’immunologie de la reproduction. Je me suis promise d’en parler autour de moi et de faire connaître ce domaine qui peut apporter des solutions lorsqu’on manque d’explications. C’est ce que je fais aujourd’hui à travers Espace Fertile. J’en parle sur mon site, je publie cet article, et j’investigue auprès des gynécologues et immunologues ici en Suisse. J'aimerais savoir pourquoi le domaine de l’immunologie de la reproduction ne fait pas partie de leurs analyses, dans le cadre d’une infertilité inexpliquée. Les médecins et spécialistes me confirment qu’ils commencent à en entendre parler mais qu’aucune étude officielle n’a été publiée, confirmant le réel intérêt de ce domaine dans le contexte de la reproduction.
Je les comprends. Un médecin ne peut pas proposer des tests et encore moins un suivi médicamenteux s’il ne peut pas s’appuyer sur des études concrètes. Malheureusement, je ne sais pas pourquoi ces études n’existent pas. J’ai donc réalisé que tant qu’aucune étude concrète ne serait publiée, ces tests et les traitements adéquats ne seraient pas proposés ici. Cela me rend passablement triste. Il est fort probable que seule une minorité de femmes soit touchée par des problèmes immunologiques et j’en suis bien consciente. Mais cette minorité n’a-t-elle pas également le droit à une solution ? Je faisais moi aussi partie de cette minorité et j’étais terrorisée à l’idée de ne jamais avoir d’enfant par manque de réponse sur les raisons de mon infertilité.
C’est mon destin qui était en jeu. Études ou pas, on parlait de ma vie. Et j’ai vu bien d’autres destins heureux, soigneusement répertoriés dans plusieurs albums de la salle d’attente de l’immunologue allemande. Des centaines de faire-part, des témoignages et des mots de remerciement, des photos de bébés et de familles heureuses ayant enfin pu réaliser leur rêve de devenir parents, grâce à ces tests et malgré l’absence d’étude.
Voilà pourquoi j’en parle. Parce que chaque destin compte. Il est important que vous sachiez que ces analyses existent. Et si grâce à cela, ne serait-ce qu'un seul cas statistiquement « désespéré » peut trouver une solution et fonder une famille, j’aurai réussi.
L’immunologie de la reproduction. En Suisse, dans le cas d'une infertilité inexpliquée, il existe déjà la possibilité de faire des analyses dans le domaine de l'immunologie et de tester une éventuelle présence d'anticorps anti-spematzozoïdes. La présence de ces anticorps, aussi bien chez l'homme que chez la femme, n'est pas synonyme de stérilité absolue. En effet, ces anticorps ne sont pas générateurs des troubles de la fécondité mais ils peuvent y participer en association avec d'autres facteurs. Chez l'homme, les facteurs favorisant la survenue d’anticorps anti-spermatozoïdes sont les infections et les traumatismes testiculaires. La présence de ces anticorps empêche le spermatozoïde de se fixer et de pénétrer dans l’ovocye. Tout particulièrement lorsque les anticorps sont présents sur la tête du spermatozoïde car ils altèrent l’étape de la fécondation, causant ainsi l’infertilité masculine. Chez la femme, le diagnostic peut être suspecté suite à l'examen d’un échantillon de sperme prélevé dans le vagin après rapport sexuel, si les spermatozoïdes récoltés sont immobiles, très peu mobiles, ou sans déplacement. Le médecin vous proposera alors la fécondation in vitro (FIV), qui permet la détection des spermatozoïdes porteurs d'anticorps, et éventuellement l'administration de corticoïdes. Voilà pour la première partie, facilement explicable et détectable grâce à des tests sanguins chez votre gynécologue.
Mais il existe un autre domaine très vaste qui manque encore de connaissances : l'immunologie de la reproduction qui étudie l'indispensable dialogue materno-foetal pendant le processus très complexe de l'implantation de l'embryon. Pour vous l’expliquer très simplement : L'embryon est toujours différent de sa mère. Au moment de l'implantation, on sait aujourd'hui que l’embryon émet des signaux pour que le système immunitaire de la mère le reconnaisse et que des anticorps spéciaux mettent en marche une réaction de protection pour éviter qu’il ne soit rejeté.
Mais il arrive que le système immunitaire soit trop faible pour comprendre et mettre en marche le bon processus, ou qu’il lui manque des récepteurs indispensables à la capture des messages émis par l'embryon pour garantir sa survie. Il se peut également que la femme ait un taux d’anticorps et/ou de cellules NK (cellules tueuses naturelles) trop élevé ou trop faible. Dans les trois cas précités, une nidation est impossible malgré la présence d’un embryon tout à fait viable. S’il arrive quand même à s’implanter dans la muqueuse utérine, une fausse couche se produira malheureusement tôt ou tard.
Mais comment savoir si on fait partie de cette minorité de femmes qui souffrent d'un problème dans ce domaine ? Il existe des tests, que vous trouverez ci-dessous, s’adressant aux femmes ayant vécu plusieurs échecs d’implantations, des fausses couches à répétition ou se trouvant dans un cas d’infertilité inexpliquée.
Comment fonctionnent ces tests et chez qui les réaliser ? Après diverses investigations en Suisse et à l'étranger, j'ai actuellement deux approches à vous présenter, qui ne sont pas tout à fait identiques (vous trouverez la marche à suivre détaillée et les tarifs dans l'onglet "immunologie") :
MatriceLab en France, qui analyse une biopsie de l’endomètre.
Frau Dr. Reichel-Fentz, en Allemagne, qui effectue des analyses sanguines.
MatriceLab sont les spécialistes de la compréhension de la réceptivité utérine. Ils en sont convaincus : le dialogue précoce de l'embryon avec l'endomètre est essentiel. Voilà comment ils l’expliquent : « L'endomètre est un tissu spécifique qui ne peut accueillir l'embryon que quelques jours, à chaque cycle. Cette période est communément appelée : fenêtre d'implantation. »
Petite parenthèse : En général, cette fenêtre d’implantation s’étale entre 5 et 9 jours après l’ovulation. Au cours de cette période, l’endomètre offre une réceptivité maximale à l’implantation. Chez certaines femmes, cette « fenêtre » pourrait être précoce ou retardée. C’est pour cette raison qu’il existe maintenant un nouveau test qui s’appelle ERA. Le test ERA permet de déterminer, grâce à une biopsie de l’endomètre, le meilleur moment pour transférer l’embryon. Ce test peut également s’effectuer auprès de votre gynécologue.
Je reprends les explications venant du site de MatriceLab : « L'observation au microscope de l’endomètre permet de dater précisément les transformations cellulaires de l'endomètre (datation histologique). Au même moment, certaines cellules immunitaires quittent l'endomètre alors que d'autres arrivent (cellules utérines Natural Killer ou uNK, cellules T régulatrices...). Ces cellules uNK ne sont pas spontanément "tueuses" mais elles sont capables de défendre l'embryon si nécessaire. Ce nouveau milieu immunitaire joue un rôle essentiel dans l'implantation. Les cellules uNK deviennent alors le chef d'orchestre de la construction du placenta. »
« L’implantation se définit par 3 grandes étapes : l'apposition, l'adhésion de l'embryon sur la paroi maternelle et l'invasion profonde des cellules du placenta. Dans le cadre de l'échec d'implantation ou dans certains cas de fausses couches inexpliquées, une dérégulation de ces cellules peuvent entraîner l'échec par des mécanismes différents. »
« S'il existe une absence de mobilisation et/ou une immaturité de ces cellules, la réaction minimale souhaitable pour une implantation n'aura pas lieu. En effet, spontanément, l'utérus est antiadhésif. Il faut une réaction immunitaire minimale pour permettre cette adhésion. Les stratégies proposées pendant la FIV auront pour objet d'augmenter la réactivité locale. »
« A l'inverse, si les cellules sont trop actives, elles vont, d'une part provoquer l'autodestruction de l'endomètre et d'autre part, rejeter l'embryon alors reconnu comme étranger. La stratégie aura donc pour but de contrôler ce milieu trop agressif. »
La biopsie de l’endomètre peut déjà fournir passablement de pistes concernant votre infertilité inexpliquée. En plus, elle est facilement réalisable chez votre gynécologue.
Si on ne trouve pas de réponse suite à l’analyse de l’endomètre, d’autres facteurs peuvent être vérifiés en Allemagne, grâce à des tests sanguins chez Frau Dr. Reichel-Fentz. Dans le cadre de ces analyses, certains facteurs sont vérifiés en premier lieu, comme par exemple des problèmes d’ordre génétique ou un éventuel trouble de la coagulation. Ce dernier étant souvent étroitement lié avec un possible problème immunologique. Pour finir, les recherches se poursuivent dans le domaine de l’immunologie, que l’on peut séparer en deux parties :
1. les facteurs de risque d’ordre auto-immune : Il s’agît d’identifier des auto-anticorps que l’on détecte dans certains cas de maladies auto-immunes. L’existence de facteurs auto-immunes est souvent en lien avec un fonctionnement dérangé des cellules et de la balance immunologique.
2. les facteurs de risque d’ordre allo-immune : L'allo-immunité est une réponse immunitaire à des antigènes non-libres provenant de membres de la même espèce, appelés alloantigènes ou isoantigènes. Dans l'allo-immunité, le corps crée des anticorps contre les allo-antigènes, attaquant le sang transfusé, le tissu allotransplanté et même le fœtus dans certains cas. Ces tests se rapportent au groupe des antigènes étrangers et à leurs propriétés, donc également aux données du partenaire. La réactivité du système immunitaire cellulaire est également étudiée. Des résultats plus récents indiquent en partie l'importance de réponses immunitaires génétiquement définies, telles que par ex. la détermination des récepteurs de type immunoglobulines tueuses (récepteurs KIR ou KIR courts).
Puisqu’une fonction immunitaire équilibrée est d'une importance cruciale pour la grossesse, la fonction immunitaire humorale et cellulaire est examinée. Des analyses très différenciées sont utilisées afin d'étudier l'activité de certaines cellules immunocompétentes (Killerzellassay - étudie l'activité cytotoxique des cellules tueuses naturelles), afin d'examiner la situation immunitaire TH1/TH2 et afin de déterminer la performance de sécrétion des cytokines (messagers immunitaires).
La dernière partie des analyses chez Frau Dr. Reichel-Fentz concerne l’analyse de la comptabilité entre les partenaires, qui rentre dans le domaine de la médecine transfusionnelle. C’est un domaine relativement nouveau de la médecine. Il propose une multitude de tests spécifiques, tels que la détermination du groupe sanguin, la détermination des antigènes sur d'autres cellules sanguines (antigènes HLA - globules blancs) ou (antigènes HPA - antigènes des plaquettes) et d’échantillons de tolérance entre les personnes (y compris entre l’homme et la femme d’un couple touché par l’infertilité). Dans la question spéciale de l'infertilité immunologique, les tests de compatibilité entre les partenaires sont importants. On proposera une thérapie active ou passive avec des composants sanguins, dont certains doivent être fraîchement obtenus, puis transformés.
Cette thérapie, nommée immunisation des partenaires, nous a été proposée et effectuée en 2013, quelques mois avant ma grossesse avec Zoé. Un prélèvement sanguin de mon mari a été préparé spécifiquement afin de me l’injecter directement sous la peau. Ce procédé avait pour objectif de créer des anticorps, afin de mieux accepter la partie de l’embryon, qui comportait les informations génétiques de mon mari. Cette thérapie désignée comme « expérimentale », faute de preuves formelles, se fait toujours à l’hôpital universitaire de Göttingen. La liste d’attente qui s’élève actuellement à une année et plus, cela en dit long sur leur succès…
Voilà, maintenant vous savez tout sur ce qui est faisable côté tests… en tout cas à ma connaissance.
Tout cela peut vous paraître immensément compliqué et peut-être vous dites-vous que vous n’irez jamais aussi loin. Je comprends très bien. De plus, vous n’avez certainement jamais entendu parler de toutes ces informations et il est difficile de croire un témoignage qui vient de « nulle part »… Néanmoins, si vous ressentez que votre petite voix intérieure se met à vous faire des signes en lisant tout cela, ou si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à m’appeler pour en discuter. C’est avec plaisir que je le ferai.
Dans mon prochain et dernier article, je vous parlerai d’un domaine où aucune analyse n'existe pour détecter un éventuel disfonctionnement : chapitre 4 : la psychologie – les blocages inconscients.
*Sources : www.matricelabinnove.com, www.immu-kinderwunsch.de et le web.
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